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domingo, 20 de junho de 2004

 
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Le problème de l'origine des idées ajoute deux curieuses créatures à la zoologie fantastique. L'une fut imaginée vers le milieu du XVIII siècle; l'autre, un siècle après.
La première est la statue sensible de Condillac. Descartes professa la doctrine des idées innées; Étienne Bonnot de Condillac, pour le réfuter, imagina une statue en marbre, organisée et conformée comme le corps d'un homme, et siège d'une âme qui n'aurait jamais perçu ou pensé. Condillac commence par conférer un seul sens à la statue: l'olfactif, peut-être le moins complexe de tous. Une odeur de jasmin se trouve au principe de la biographie de la statue; un instant, il n'y aura que ce pafum dans l'univers; bien mieux, cette odeur sera l'univers, qui, un instant après, sera parfum de rose, et puis d'oeillet. Que dans la conscience de la statue il y ait un parfum unique, et nous aurons déjà l'attention; que le parfum reste une fois le stimulant disparu, et nous aurons la mémoire; qu'une impression actuelle et une du passé occupent l'attention de la statue, et nous aurons la comparaison; que la statue perçoive des analogies et des différences, et nous aurons le jugement; que la comparaison et le jugement surviennent à nouveau, et nous aurons la réflexion; qu'un souvenir agréable soit plus vivace qu'une impression désagréable, et nous aurons l'imagination, les facultés de l'entendement une fois engendrées, les facultés de la volonté surgiront après: amour et haine (attraction et aversion), espoir et peur. La conscience d'avoir traversé plusieurs états donnera à la statue la notion abstraite de nombre; celle d'être parfum d'oeillet et d'avoir été parfum de jasmin, la notion de moi.
Puis l'auteur conférera à son homme hypothétique l'audition, le goût, la vision et enfin le toucher. Ce dernier sens lui révélera que l'espace existe et que, dans cet espace, lui-même est dans un corps; les sons, les odeurs et les couleurs lui auront semblé, avant cette étape, de simples variations ou modifications de sa conscience.
L'allégorie que nous venons de rapporter se nomme Traité des Sensations et elle est de 1754 (...).


J.L. Borges e Margarita Guerrero, Deux animaux métaphysiques in Le Livre des Êtres Imaginaires, Paris, 1987.



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