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sexta-feira, 21 de janeiro de 2005

 
Sartre

Drogue enconre. La vraie drogue de Sartre ce n'est ni la mescaline ni la corydrane, c'est l'écriture.Shooté à l'écriture. Drogué à la littérature. Et le Castor dans le rôle du dealer qui, pendant la guerre, lui fournit, à Brumath, en Alsace, au besoin en venant elle-même, sa dose d'encre, de carnets, de livres, de papier. Il ne lit pas, il écrit. Il n'écrit pas un peu, il écrit tout le temps. Cette main folle, comme on dit d'une patte folle. Cette main qui court sur la feuille, qui galope, qui ne s'arrête jamais a l'effet produit ou à la formule. "Il n'était plus qu'une main qui écrit", disait Mauriac du dernier Proust. De même Sartre racontant dans Les Mots, comment sa plume va parfois "si vite", qu'il en a "mal au poignet" et retrouvant donc, là aussi, contre toute attente, le geste de la folie-Proust. Cette compulsion. Cette possession. Cette écriture machinique, donc machinale, sans maîtrise, à plume abattue, presque obscène. Cette fuite en avant qui fait de l'écriture une pratique étrange, étrangère, à la limite du propre, loin de toute identité. Et puis l'impression, au bout d'un moment, par le seule travail de la main, par la seule puissance des mots frottés aux autres mots, de voir les images frémir, bouillir, entrer en surfusion, s'assembler. L'écriture comme une névrose? Sartre dira cela. Il dira: une "maladie". Ou des "hernies". Ou un "cancer généralisé". Et ce sera même, on le verra, le thème principal des Mots. Mais ce qu'il dit déjà, ce qu'il a toujours dit et qu'il réprésentera julqu'à la fin, c'est que l'écriture est une drogue. Une vraie drogue. Une auto-intoxication permanente de l'écrivain par lui-même et de la litérature par ses propres charmes et toxines. Tous les écrivains savent cela. Tous les fous de mots ont l'expérience de cette polymérisation des mots par les mots. Zéro mots tant que je suis em régine normal. Non pas: "moins" de mots, mais "zéro", vraiment "zéro" - les mots qui se consument, la phrase qui ne prend pas, s'étiole, se défait, refroidit et puis, tout à coup, quand le vide s'est fait autour des mots, quand il ne reste plus qu'eux, les mots, dans le vide de l'âme centrifuguée, quand se sont créées, autrement dit, les conditions de la surchauffe, les syllabes qui coagulent, la phrase qui lève et prend forme, tout l'imaginaire de l'écrivain qui entre en ebullition - l'exacte descritption de l'effet, dans une âme, des amphétamines et de la drogue. Sartre, dans son entretien avec Sicard: "c'est très rare que j'aie pensé pour écrire; je me mets au travail; et, en même temps que j'écris, j'analyse, je raffine, rendant l'idée plus nette ou plus rationnelle" et, plus loin: "l'inspiration n'est pas une idée qui naît brusquement dans la conscience et se développe; elle est au bout de la plume; je ne fais pas de différence entre inventer le détail et écrire, ça n'est même pas chronologiquement différent". Donc, les mots. L'écriture comme une raffinerie de mots. Le souci maniaque, obstiné, de la quantité de mots raffinés, cette drogue. Baudelaire: "il faut être toujours ivre, tout est là, c'est l'unique question". Ivre de quoi? "De vin", si vous voulez. Ou de corydrane. Mais aussi, "à votre guise", de "vertu" ou de "poésie". La ligne-Sartre.

In, Le Siècle de Sartre, Bernard-Henri Lévy, Grasset, Paris, 2000.

Um obrigado ao Alicerces.



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